Quand vous travaillez
dans une entreprise ou que vous recherchez du boulot, parler politique et
afficher ses opinions, c’est mal, voire tabou… Pourtant, nous sommes tous
heureux de vivre en démocratie, de pouvoir lire Le Figaro ou Libération, de
choisir ou de révoquer nos dirigeants lors d’élections transparentes et de
pouvoir nous exprimer librement.
Nous sommes également
nombreux à souhaiter que la politique ne soit pas réservée qu’à des
professionnels et que des citoyens lambda puissent participer à la vie
publique. Et n’en déplaise aux populistes ou aux éternels insatisfaits, je n’ai
quant à moi jamais trouvé mieux que les partis politiques pour permettre à la
démocratie de pleinement se déployer. C’est peut-être ringard mais j’attends
des propositions plus pertinentes et constructives…
Certains pensent
qu’afficher ses opinions politiques, c’est prendre le risque de générer de la
conflictualité au sein de l’entreprise. Bien au contraire ! D’ailleurs,
les relations entre celles et ceux qui, au sein d’une même entreprise et même
d’avis différents, sont engagés en politique sont souvent très bonnes car
empruntes d’une vision partagée sur le sens de l’intérêt général, l’importance
de l’engagement, le respect mutuel du temps passé pour le bien commun.
Ca l'est d'autant plus que vous n'avez aucune perspective politique. En ce qui me concerne, je ne ferai jamais carrière et je ne serai jamais élu à un poste à responsabilité. Pourquoi ? Parce que être de gauche à Saint-Cloud, c'est NO FUTURE. C'est une terre de mission et non d'élection. Il faudrait que je déménage et je n'en ai aucune envie. Il faudrait aussi que j'y passe toutes mes soirées, tout mon temps libre... Aucune envie. Ma vie, c'est d'abord le boulot, le sport et la famille. La politique, ça vient après, c'est un hobby : le prix de ma liberté et de mon indépendance.
Ca l'est d'autant plus que vous n'avez aucune perspective politique. En ce qui me concerne, je ne ferai jamais carrière et je ne serai jamais élu à un poste à responsabilité. Pourquoi ? Parce que être de gauche à Saint-Cloud, c'est NO FUTURE. C'est une terre de mission et non d'élection. Il faudrait que je déménage et je n'en ai aucune envie. Il faudrait aussi que j'y passe toutes mes soirées, tout mon temps libre... Aucune envie. Ma vie, c'est d'abord le boulot, le sport et la famille. La politique, ça vient après, c'est un hobby : le prix de ma liberté et de mon indépendance.
Enfin, l’engagement
politique, c’est un moyen de suivre l’actualité, de comprendre le monde, d’en
saisir les évolutions, de consolider sa culture générale, c’est la possibilité
de tenir une conversation avec des interlocuteurs très divers bref, des
qualités que l’on peut raisonnablement attendre d’un collaborateur assumant des
responsabilités conséquentes.
Il y a néanmoins des
conditions à réunir : bonne foi, intégrité, pondération, ouverture
d’esprit, dépassement des postures partisanes… Et bien sûr, éviter les partis
extrémistes, populistes, racistes ou moralement condamnables. Enfin, inutile de
préciser que si l’on doit pouvoir afficher ses opinions politiques en
entreprise ou ne pas cacher que l’on est investi politiquement, il est
inacceptable de considérer l’entreprise comme un lieu de militantisme ou de
prosélytisme : on ne fait pas de politique au boulot !
Quelques précisions
indispensables
9 mois c’est court et
toute tentative de dresser le bilan d’une vaste entreprise de refondation
politique devant se déployer sur 5 ans pourrait sembler pernicieuse. Pour
autant, rien n’empêche de tenter l’esquisse d’une analyse, aussi subjective
soit-elle.
En parlant de
subjectivité, rappelons que je suis au PS depuis de nombreuses années, que je
me reconnais dans une ligne réformiste, progressiste, plutôt libérale,
pro-européenne et pro-business. Bref, un vrai « soce-dem ». Il est
loin le temps où j’étais un jeune révolutionnaire anarchiste, bien que j’en
conserve une douce nostalgie et un fort attachement à certaines valeurs. Je
n’en demeure pas moins passionnément et viscéralement de gauche. Rappelons
également que, tout en restant au PS, j’ai fait campagne pour Emmanuel Macron
aux deux tours de la présidentielle et soutenu le candidat En Marche de ma
circonscription lors des législatives.
J’espère que cette double
perspective PS / En Marche, même si je reste au PS alors que j’ai quitté En
Marche, n’obèrera pas l’objectivité de mes propos. Peut-être même qu’elle en
constituera un gage…
Et en conclusion de cet
article, une synthèse avec quelques enseignements à tirer de ce bilan et
quelques propositions dans le cadre de la refondation du Parti Socialiste. Dernier
point, je soutiens Stéphane Le Foll dans son entreprise de devenir le 1er
Secrétaire du PS.
Qu’est-ce que le
macronisme ?
Le
« macronisme » est une notion difficile à cerner et qui se prête à de
multiples interprétations : libéralisme, social-libéralisme, césaro-centrisme,
jacobinisme, centre droit, centre gauche, centriste, central, dépassement des
clivages partisans, pragmatisme, bonapartisme, populisme libéral….
Il est difficile de
répondre à cette question. Sans doute lui-même ne le sait-il pas. Il faut à mon
sens revenir aux fondamentaux en analysant concrètement son bilan en le mettant
en perspective avec ce qui était annoncé dans son livre
« Révolutions » et lors de la campagne électorale.
Les ambitions annoncées
étaient globalement les suivantes :
-
Dépasser le
clivage droite / gauche et être pragmatique.
-
Redonner
espoir et renouer avec la croissance.
-
Déverrouiller
le pays, notamment son « modèle social ».
-
Davantage de
mobilité et d’égalité sociale par le mérite.
-
Changer de
méthode.
-
Aller vers
plus d’Europe.
-
S’inscrire
dans la mondialisation.
Alors en style
télégraphique et sous forme de « bullet points », revue thématique et
non exhaustive des principales mesures prises par notre leader maximo jupitérien…
Liste et contenu
des réformes
Santé et social
-
Rien encore
sur les retraites. Flou.
-
Rien de
nouveau ni sur le fond ni sur la forme concernant le financement de la SECU. Le
Plan de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) 2018 ressemble furieusement
aux précédents. Grande déception de l’industrie pharma.
-
Courage et
pertinence d’Agnès Buzyn sur les vaccins.
-
On n’entend
plus parler des 100% de prise en charge pour lunettes, dents et prothèses audio
ou du 500 € de pass culture.
-
Suppression
du 0 reste à charge chez le médecin. C’était pourtant présenté comme une grande
conquête de la gauche et de Marisol Touraine. Mais est-ce une mauvaise
chose ? Personnellement, la « gratuité » des soins me pose un
problème philosophique.
-
Gel du point
d’indice des fonctionnaires et rétablissement du jour de carence.
-
Réduction
considérable du nombre d’emplois aidés. Une vraie stupidité quand on sait que
ces emplois sont pour ces personnes le seul moyen, peut-être pas de s’insérer,
mais d’être actif, d’avoir une utilité sociale et une dignité.
-
Retard à
l’allumage et insuffisance des réponses apportées au personnel des EHPAD.
Logement
-
Attaques très
dures contre le logement social. Unanimité des acteurs de l’insertion et du
logement sur ce point.
-
Baisse APL et
attaques contre les offices HLM constituent une vraie menace pour l’équilibre
financier des OPHLM et leur capacité à construire de nouveaux logements.
-
Rapport au
vitriol de la Fondation Abbé Pierre.
-
Méconnaissance
du nombre de SDF et inadaptation des réponses apportées. Réaction très vive de
Louis Gallois, président de la Fédération Nationale des Associations d’Accueil
et de Réinsertion Sociale (FNARS).
-
Le marché et
la dérégulation seront-t-ils plus efficaces que la puissance publique pour
produire du logement et aider les plus démunis ? J’en doute…
Travail
-
Ordonnances
Macron vont encore plus loin que loi El Komhri (que j’avais soutenue) mais
donnent le sentiment de rompre un équilibre. Tout pour les entreprises. Quelles
avancées pour les salariés ? Avant, on avait au moins le Compte Personnel
d’Activité.
-
Plafonnement des
indemnités prud’hommes est un vrai problème. Plus d’individualisation de la
justice ?
-
Gros doutes
sur ruptures conventionnelles collectives qui risquent d’être un moyen détourné
de procéder à des licenciements massifs. Mais besoin de l’accord majoritaire
des syndicats et du volontariat des salariés.
-
Syndicats sortent-ils
renforcés ou affaiblis de ces ordonnances ? Sur le papier, ils semblent
renforcés car plus de dialogue. Mais ils sont trop faibles et on retire des garde-fous
législatifs donc dans la réalité ils vont sûrement être affaiblis.
-
Les
ordonnances sont néanmoins souvent caricaturées. Il reste des garde-fous.
-
Réformes à
venir : apprentissage, formation professionnelle, assurance chômage et loi
sur les entreprises.
-
Je pensais
que Macron voulait enlever des avantages aux « insiders » pour mieux
protéger ou donner leur chance aux « outsiders ». En réalité, il
semblerait que tout le monde soit perdant. Précarité généralisée comme nouveau
modèle social ?
Environnement
-
Je ne vois
pas trop…
-
Hulot dit
qu’il avale des couleuvres.
-
Beaucoup
d’intentions mais rien de très concret.
-
Moratoire
glyphosate passé de 5 à 4 ans. La belle affaire…
-
One Planet
Summit n’a pas servi à grand chose.
-
Notre Dame
des Landes : un vrai recul qui bafoue ses engagements de campagne, des centaines de décisions de justice,
l’unanimité des collectivités locales et la souveraineté du peuple exprimée
lors d’un référendum. Une décision avant tout dictée par des considérations
politiciennes. Mais au moins il a pris une décision et les Français lui en sont
gré.
Institutions pénal, justice et sécurité
-
Loi
anti-terroriste => je ne sais pas quoi en penser. Sentiment de loi de
circonstance et d’affichage dictée par la pression populaire. Mais il fallait
sortir de l’état d’urgence et une sortie « sèche » était difficile à
imaginer pour l’opinion. Que dirait-on si un nouvel attentat venait à se
produire ?
-
Loi de
moralisation de la vie publique. Quelques avancées mais on est loin du compte,
notamment dans le fait de rendre publiques les notes de frais des élus. Très
peu de moyens pour appliquer cette loi. Un progrès malgré tout.
-
Volonté
affichée de ne pas rendre indépendant le parquet. Personnellement je trouve
cela bien. Indépendance de la justice oui à 100% mais gouvernement des juges
non. La démocratie suppose la responsabilité.
-
Annonce de la
mise en place de la Police de Sécurité du Quotidien, sorte de synthèse assez
floue entre la police de proximité et la police d’intervention. Sans doute une
bonne chose mais, comme toujours, ce seront les moyens accordés en Hommes et en
moyens qui feront la différence.
-
Quid de la
proportionnelle et de la baisse du nombre de parlementaires ?
-
Réel mépris
envers les collectivités locales et leur rôle. Baisse ou perte de souveraineté de
leurs ressources avec suppression de la taxe d’habitation.
-
Occasion
manquée avec la Corse. Les nationalistes étaient dans une posture constructive,
leurs demandes sont pour l’essentiel très légitimes. Macron a voulu faire acte
d’autorité. Une posture à mon sens surjouée, inutile et déplacée. Mais là
encore ce n’est pas grave : les Français détestent les nationalistes.
Macron le sait et cultive ainsi sa popularité à peu de frais.
-
Au global, sentiment
que, dans tous les domaines, c’est surtout l’affichage d’une plus grande
fermeté qui compte.
Economie
-
Flou sur le
grand plan d’investissement de 50 milliards.
-
Plan d’Action
pour la Croissance et la Transformation des Entreprises pour le printemps. Sorte
de grand « pot pourri » dont il sortira forcément des choses
positives et d’autres moins.
Fiscalité
-
Suppression
de l’ISF et remplacement par l’IFI + flat tax de 30% sur les revenus du capital.
Vraie rupture car le travail est à nouveau davantage taxé que le capital. Hollande
lui était revenu à 50/50. Cela suffira-t-il à faire revenir les capitaux en
France ? J’en doute. En revanche, on aura moins de redistribution et plus
d’inégalités.
-
CSG augmentée
et étendue aux retraités + baisse des cotisations salariales. A mon sens plutôt
une bonne chose pour baisser le coût du travail, augmenter le pouvoir d’achat des
salariés et faire reposer notre modèle social sur de la fiscalité (universelle,
base large) et pas uniquement sur des cotisations de travailleurs. Permet aussi
plus de solidarité intergénérationnelle. Mais plafonds sans doute trop bas pour
les retraités.
-
Suppression
progressive de la taxe d’habitation. Je ne sais pas trop quoi en penser. Impôt
injuste mais besoin d’avoir des ressources propres pour les collectivités.
Peut-être une étape indispensable avant de revoir de fond en comble la
fiscalité locale qui est à la fois injuste et incompréhensible. En tant qu’élu
local j’en sais quelque chose.
-
A noter que
augmentation CSG se fait dès aujourd’hui alors que baisse taxe d’habitation va
s’étaler sur 3 ans et baisse cotisations en 2 fois. Le Gouvernement gratte un
peu mais c’est de bonne guerre.
-
OFCE a calculé que les 5% des plus riches allaient
capter 42% des baisses d’impôts. Les 5% les plus pauvres vont voir leurs
revenus reculer de 0,6%. Les inégalités vont à nouveau s’accroitre en France.
-
Incontestablement,
les réformes entreprises favorisent les plus favorisés. Reagan is back !
-
Question
subsidiaire et philosophique : vaut-il mieux un pays avec peu d’inégalités
mais beaucoup de pauvreté ou un pays avec beaucoup d’inégalités mais au global
moins de pauvreté ? Quand j’ai soumis cette alternative en réunion de
section au PS, les camarades se sont faits des nœuds au cerveau. Moi aussi…
Ecole et université
-
Jean-Michel
Blanquer revendique un certain retour aux « fondamentaux » qui colle
aux attentes de l’opinion et à ce que l’on pourrait considérer comme des
évidences. Mais une forme de dogmatisme qui consiste à faire l’inverse de Najat
VB.
-
Un point très
positif à mon sens avec CP dédoublés en REP+. Pourtant, certains enseignants
dénoncent cette mesure qui se fait à moyens constants et considèrent qu’il
aurait été préférable de préserver le dispositif « plus de maîtres que de
classes » qui était à a fois très flexible et efficace.
-
Point très
négatif avec la fin de la semaine de 4,5 jours. Un vrai scandale.
-
Réforme de
l’entrée à l’université pas si idiote. Et pas vraiment une sélection. En tout
cas pas à ce stade.
-
Mais on
manque cruellement de moyens, notamment dans l’enseignement supérieur. Il
faudra répondre à cet enjeu. Mais en a-t-on les moyens ?
Immigration et asile
-
La campagne
avait laissé penser qu’il y aurait plus d’humanité et de générosité. On en est
loin. Très très loin.
-
La nouvelle
circulaire qui donne la possibilité à l’Etat de pénétrer dans les sanctuaires
(CAO) est inquiétante.
-
J’avais
retenu de la campagne présidentielle le soutien de Macron à Merkel concernant l’accueil
des réfugiés. Comme beaucoup d’autres, je me suis fait avoir.
-
Mais Macron
joue l’opinion qui veut toujours plus de fermeté. Démagogie et populisme. Manque
de courage.
Europe
-
Très beau
discours à La Sorbonne (budget européen, convergence fiscale et sociale,
politique étrangère commune…) mais rien de concret, surtout tant que
l’Allemagne n’aura pas de gouvernement.
-
Durcissement
mais à la marge de la loi sur les travailleurs détachés.
International
-
Une politique
de « coups » médiatiques très efficace : « make our planet
great again », voyage au Burkina Faso, Liban avec extraction de Rafic
Hariri…
-
Mais le One
Planet Summit a-t-il servi à quelque chose ?
-
Accueil en
grande pompe de Vladimir Poutine et Erdogan. Il leur aurait quand même dit
leurs 4 vérités. Notamment à Poutine et les fake news relayées par Russia Today
pendant la campagne présidentielle.
-
Voyage en
Chine sans action sur les droits de l’homme.
- Pas mal les 250 millions de dollars annoncés sur l'éducation lors du dernier voyage au Sénégal. Merci Rihanna.
ð
Doctrine
reste la même. Dans la lignée de Hollande.
ð
Des coups.
Cela peut être efficace un temps mais un temps seulement.
ð
Une politique
de défense de nos intérêts économiques.
ð
Mais il
paraît que la « France is back » et qu’elle retrouve une vraie
stature sur la scène internationale. En attestent les nombreuses
« Unes » des journaux étrangers. Ne nous en plaignons pas…
CONCLUSION :
-
Tout va plutôt bien pour Macron. Les réformes s’enchaînent, pas d’opposition
sociale ou économique, une croissance qui repart. Merci Hollande qui a fait
tout le sale boulot que personne, notamment à droite, n’avait osé faire. Voir
mon bilan du quinquennat Hollande ici : https://www.slideshare.net/Brunschvicg/bilan-economique-de-franois-hollande
-
On croyait
que Macron allait être et de droite et de gauche. On voit surtout la partie
droite : dur avec les faibles et
doux avec les forts.
-
Ce qui avait
séduit avec Macron, en tout cas moi, c’est qu’il voulait faire sauter un
certain nombre de verrous et de tabous dans le but de réformer la France pour
la rendre plus compétitive et plus juste. Je vois bien la partie compétitivité
mais pas la partie justice. Le
libéralisme émancipateur et égalitariste auquel on pouvait adhérer se
transforme en réalité en libéralisme dérégulateur et profondément inégalitaire.
-
La vraie question qui se pose, c’est de savoir si
la lutte contre les inégalités doit être envisagée comme un objectif ou comme la
conséquence potentielle d’une politique libérale. Incontestablement, pour Macron, c’est une
conséquence potentielle. Pourtant, les rapports de grandes institutions
internationales s’accumulent et démontrent que lutte contre les inégalités
sociales et développement économique vont de pair.
-
Macron semble croire ou du moins appliquer la
fameuse et fumeuse théorie du ruissellement. En encourageant et en aidant les 1ers de cordée, il pense que cela
créera un effet d’entraînement. En ce qui me concerne, je préfère conduire des
politiques publiques qui se focalisent sur les plus faibles.
-
Je ne crois pas que Macron soit un libéral
dogmatique. C’est davantage un opportuniste. Il gouverne en ce moment à droite car ce sont des réformes qui
permettent d’avoir des effets plus rapidement, parce que cela met LR dans
l’embarras, parce que personne à gauche ne peut s’opposer et parce qu’il n’y a
pas d’élections à court terme. Autant faire le sale boulot en début de mandat.
Mais y aura-t-il une seconde phase plus sociale et redistributrice ?
-
Rapport OCDE très intéressant disant que la France
n’est pas suradministrée et que
si notre part des dépenses publiques dans le PIB est si élevée, ce n’est pas
tant en raison de dépenses publiques inefficaces (mais il y en a toujours) qu’en
raison de notre modèle social qui redistribue beaucoup et qui est assez
efficace pour limiter les inégalités (chômage, aides sociales, retraites, santé
etc.). Personnellement c’est un modèle qui me va très très bien et j’ai peur
que nous lui tournions le dos.
-
L’exercice du pouvoir selon Macron est
inquiétant : autoritarisme, conservatisme, hypercentralisation etc. Mais
ne nous y trompons pas : c’est ce que veulent les français. Macron est jeune, dynamique, entreprenant, il avance
et déploie méthodiquement son programme. Il bouscule, heurte mais les français
apprécient. Ils veulent que ça change et ont le sentiment que Macron fait le
job. Ils lui donnent sa chance, quel que soit le fond de sa politique.
-
Macron sera rattrapé par la réalité, notamment
l’accroissement des déficits.
Pour l’instant, il n’a pas tapé dans le dur de la dépense publique. Il
distribue surtout des avantages, en particulier aux riches. Baisser la taxe
d’habitation c’est facile. Mais quand il faudra compenser et combler les
déficits, ce sera plus compliqué.
-
Mais sa politique peut porter ses fruits. Elle peut contribuer à relancer l’économie et a
création de richesses et ainsi produire des effets positifs sur l’emploi. Tant
mieux. Le vrai risque à mon sens, c’est
que ce succès sur le front de l’économie et de l’emploi se produise au
détriment de notre modèle social. Notre modèle social, c’est ce machin qui
fait que tout le monde est soigné gratuitement et de la même manière partout
sur le territoire, qui permet d’aller gratuitement à l’école et de faire des
études, de bénéficier de revenus de substitution et d’un filet de protection
quand on a un accident de la vie, d’avoir une retraite pas trop symbolique, des
allocations familiales et un minimum de redistribution… Je souris souvent en
voyant ces cadres sups dynamiques qui s’expatrient aux USA en disant que c’est
un eldorado avec moins d’impôts qu’en France mais qui commencent à faire la
moue quand ils doivent payer l’université du rejeton et à carrément revenir au
pays quand ils ont un cancer parce que, je vous l’assure, il vaut mieux avoir
un cancer en France qu’aux USA ou en UK… Moi
qui suis un défenseur du bilan de François Hollande (l’histoire lui rendra
justice), et bien qu’il ne soit pas exempt de critiques loin de là, je lui
reconnais d’avoir entrepris un grand nombre de réforme structurelles pas
évidentes tout en préservant notre modèle social. Il a su tenir les deux
bouts de la corde et je ne suis pas sûr qu’Emmanuel Macron parviendra à en
faire de même. Loin de là…
ALORS QU’EST-CE
QU’ON FAIT MAINTENANT EN TANT QUE PARTI SOCIALISTE ? :
-
La gauche de
gouvernement, réformiste, réaliste et européenne est-elle condamnée à
disparaître ? Le clivage droite / gauche a-t-il disparu ? Non bien
sûr ! Ce n’est pas pour autant que nous allons refaire surface parce que les vrais gens, le clivage droite / gauche,
ils s’en foutent !
-
Nous sommes pour le moment complètement
inaudibles. Les français ne
veulent même plus nous entendre. Nous sommes déconsidérés. Qu’ils aiment Macron ou non, ils veulent « donner sa chance au
produit ».
-
Alors rien ne
sert d’agiter des épouvantails et de hurler à la lune. Ne soyons pas démagogues. Ne cherchons pas à schématiser. Allons
sur le fond.
-
Nous avons à mon sens besoin de 6 éléments :
1.
Clarifier nos orientations politiques et notre
corpus idéologique. C’est le
but du Congrès. On n’a pas tellement besoin de repenser notre rapport au monde,
on le fait depuis longtemps. On a surtout besoin de trancher. Fini les
frondeurs et les guerres de tendance. On choisit une ligne et on
l’assume !
2.
Une incarnation car, que l’on s’en félicite ou qu’on le regrette,
c’est indispensable. Ce sera fait en mars avec un nouveau 1er
secrétaire.
3.
Reconstruire un parti en ordre de marche, aux pratiques renouvelées, davantage tourné vers
la société, qui fait de la formation politique de ses militants une priorité. Renouer
avec l’éducation populaire et assumer la complexité du monde. Décrypter avec
justesse et finesse les mesures prises par le gouvernement.
4.
Ne pas nous opposer systématiquement et
frontalement au Gouvernement
mais systématiquement mettre en avant nos nuances, nos différences de vision,
notre opposition ferme quand c’est nécessaire. Bref, un travail de fond et de
conviction et non un travail de posture circonstancielle.
5.
Porter nos valeurs, nos couleurs, notre vision du
monde. Etre fiers de ce que
nous sommes et de ce que nous voulons. Oui le clivage droite / gauche continue
à exister. Mais ce n’est pas la question. La question, c’est quel projet pour
l’Europe, comment assurer la transition écologique et énergétique, comment
créer de la richesse en respectant les hommes et la nature, comment lutter
contre les inégalités, comment concilier notre modèle social et notre performance
économique.
6.
Exprimer une vision et une espérance, formuler
notre projet et notre idéal de société. Renouer avec la dimension « transformation sociale » du
parti. Concilier réel et idéal. Ce qui avait cruellement manqué à François
Hollande.
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