lundi 12 février 2018

Analyse et bilan des premiers mois du quinquennat MACRON et propositions pour un PS au bord du gouffre


Politique et entreprise ?

Quand vous travaillez dans une entreprise ou que vous recherchez du boulot, parler politique et afficher ses opinions, c’est mal, voire tabou… Pourtant, nous sommes tous heureux de vivre en démocratie, de pouvoir lire Le Figaro ou Libération, de choisir ou de révoquer nos dirigeants lors d’élections transparentes et de pouvoir nous exprimer librement.


Nous sommes également nombreux à souhaiter que la politique ne soit pas réservée qu’à des professionnels et que des citoyens lambda puissent participer à la vie publique. Et n’en déplaise aux populistes ou aux éternels insatisfaits, je n’ai quant à moi jamais trouvé mieux que les partis politiques pour permettre à la démocratie de pleinement se déployer. C’est peut-être ringard mais j’attends des propositions plus pertinentes et constructives…

Certains pensent qu’afficher ses opinions politiques, c’est prendre le risque de générer de la conflictualité au sein de l’entreprise. Bien au contraire ! D’ailleurs, les relations entre celles et ceux qui, au sein d’une même entreprise et même d’avis différents, sont engagés en politique sont souvent très bonnes car empruntes d’une vision partagée sur le sens de l’intérêt général, l’importance de l’engagement, le respect mutuel du temps passé pour le bien commun.

Ca l'est d'autant plus que vous n'avez aucune perspective politique. En ce qui me concerne, je ne ferai jamais carrière et je ne serai jamais élu à un poste à responsabilité. Pourquoi ? Parce que être de gauche à Saint-Cloud, c'est NO FUTURE. C'est une terre de mission et non d'élection. Il faudrait que je déménage et je n'en ai aucune envie. Il faudrait aussi que j'y passe toutes mes soirées, tout mon temps libre... Aucune envie. Ma vie, c'est d'abord le boulot, le sport et la famille. La politique, ça vient après, c'est un hobby : le prix de ma liberté et de mon indépendance.

Enfin, l’engagement politique, c’est un moyen de suivre l’actualité, de comprendre le monde, d’en saisir les évolutions, de consolider sa culture générale, c’est la possibilité de tenir une conversation avec des interlocuteurs très divers bref, des qualités que l’on peut raisonnablement attendre d’un collaborateur assumant des responsabilités conséquentes.

Il y a néanmoins des conditions à réunir : bonne foi, intégrité, pondération, ouverture d’esprit, dépassement des postures partisanes… Et bien sûr, éviter les partis extrémistes, populistes, racistes ou moralement condamnables. Enfin, inutile de préciser que si l’on doit pouvoir afficher ses opinions politiques en entreprise ou ne pas cacher que l’on est investi politiquement, il est inacceptable de considérer l’entreprise comme un lieu de militantisme ou de prosélytisme : on ne fait pas de politique au boulot !


Quelques précisions indispensables

9 mois c’est court et toute tentative de dresser le bilan d’une vaste entreprise de refondation politique devant se déployer sur 5 ans pourrait sembler pernicieuse. Pour autant, rien n’empêche de tenter l’esquisse d’une analyse, aussi subjective soit-elle.

En parlant de subjectivité, rappelons que je suis au PS depuis de nombreuses années, que je me reconnais dans une ligne réformiste, progressiste, plutôt libérale, pro-européenne et pro-business. Bref, un vrai « soce-dem ». Il est loin le temps où j’étais un jeune révolutionnaire anarchiste, bien que j’en conserve une douce nostalgie et un fort attachement à certaines valeurs. Je n’en demeure pas moins passionnément et viscéralement de gauche. Rappelons également que, tout en restant au PS, j’ai fait campagne pour Emmanuel Macron aux deux tours de la présidentielle et soutenu le candidat En Marche de ma circonscription lors des législatives.

J’espère que cette double perspective PS / En Marche, même si je reste au PS alors que j’ai quitté En Marche, n’obèrera pas l’objectivité de mes propos. Peut-être même qu’elle en constituera un gage… 

Et en conclusion de cet article, une synthèse avec quelques enseignements à tirer de ce bilan et quelques propositions dans le cadre de la refondation du Parti Socialiste. Dernier point, je soutiens Stéphane Le Foll dans son entreprise de devenir le 1er Secrétaire du PS.


Qu’est-ce que le macronisme ?

Le « macronisme » est une notion difficile à cerner et qui se prête à de multiples interprétations : libéralisme, social-libéralisme, césaro-centrisme, jacobinisme, centre droit, centre gauche, centriste, central, dépassement des clivages partisans, pragmatisme, bonapartisme, populisme libéral….

Il est difficile de répondre à cette question. Sans doute lui-même ne le sait-il pas. Il faut à mon sens revenir aux fondamentaux en analysant concrètement son bilan en le mettant en perspective avec ce qui était annoncé dans son livre « Révolutions » et lors de la campagne électorale.

Les ambitions annoncées étaient globalement les suivantes :
-         Dépasser le clivage droite / gauche et être pragmatique.
-         Redonner espoir et renouer avec la croissance.
-         Déverrouiller le pays, notamment son « modèle social ».
-         Davantage de mobilité et d’égalité sociale par le mérite.
-         Changer de méthode.
-         Aller vers plus d’Europe.
-         S’inscrire dans la mondialisation.

Alors en style télégraphique et sous forme de « bullet points », revue thématique et non exhaustive des principales mesures prises par notre leader maximo jupitérien…


Liste et contenu des réformes

Santé et social
-         Rien encore sur les retraites. Flou.
-         Rien de nouveau ni sur le fond ni sur la forme concernant le financement de la SECU. Le Plan de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) 2018 ressemble furieusement aux précédents. Grande déception de l’industrie pharma.
-         Courage et pertinence d’Agnès Buzyn sur les vaccins.
-         On n’entend plus parler des 100% de prise en charge pour lunettes, dents et prothèses audio ou du 500 € de pass culture.
-         Suppression du 0 reste à charge chez le médecin. C’était pourtant présenté comme une grande conquête de la gauche et de Marisol Touraine. Mais est-ce une mauvaise chose ? Personnellement, la « gratuité » des soins me pose un problème philosophique.
-         Gel du point d’indice des fonctionnaires et rétablissement du jour de carence.
-         Réduction considérable du nombre d’emplois aidés. Une vraie stupidité quand on sait que ces emplois sont pour ces personnes le seul moyen, peut-être pas de s’insérer, mais d’être actif, d’avoir une utilité sociale et une dignité.
-         Retard à l’allumage et insuffisance des réponses apportées au personnel des EHPAD.

Logement
-         Attaques très dures contre le logement social. Unanimité des acteurs de l’insertion et du logement sur ce point.
-         Baisse APL et attaques contre les offices HLM constituent une vraie menace pour l’équilibre financier des OPHLM et leur capacité à construire de nouveaux logements.
-         Rapport au vitriol de la Fondation Abbé Pierre.
-         Méconnaissance du nombre de SDF et inadaptation des réponses apportées. Réaction très vive de Louis Gallois, président de la Fédération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale (FNARS).
-         Le marché et la dérégulation seront-t-ils plus efficaces que la puissance publique pour produire du logement et aider les plus démunis ? J’en doute…  

Travail
-         Ordonnances Macron vont encore plus loin que loi El Komhri (que j’avais soutenue) mais donnent le sentiment de rompre un équilibre. Tout pour les entreprises. Quelles avancées pour les salariés ? Avant, on avait au moins le Compte Personnel d’Activité.
-         Plafonnement des indemnités prud’hommes est un vrai problème. Plus d’individualisation de la justice ?
-         Gros doutes sur ruptures conventionnelles collectives qui risquent d’être un moyen détourné de procéder à des licenciements massifs. Mais besoin de l’accord majoritaire des syndicats et du volontariat des salariés.
-         Syndicats sortent-ils renforcés ou affaiblis de ces ordonnances ? Sur le papier, ils semblent renforcés car plus de dialogue. Mais ils sont trop faibles et on retire des garde-fous législatifs donc dans la réalité ils vont sûrement être affaiblis.
-         Les ordonnances sont néanmoins souvent caricaturées. Il reste des garde-fous.
-         Réformes à venir : apprentissage, formation professionnelle, assurance chômage et loi sur les entreprises.
-         Je pensais que Macron voulait enlever des avantages aux « insiders » pour mieux protéger ou donner leur chance aux « outsiders ». En réalité, il semblerait que tout le monde soit perdant. Précarité généralisée comme nouveau modèle social ?

Environnement
-         Je ne vois pas trop…
-         Hulot dit qu’il avale des couleuvres.
-         Beaucoup d’intentions mais rien de très concret.
-         Moratoire glyphosate passé de 5 à 4 ans. La belle affaire…
-         One Planet Summit n’a pas servi à grand chose.
-         Notre Dame des Landes : un vrai recul qui bafoue ses engagements de campagne,  des centaines de décisions de justice, l’unanimité des collectivités locales et la souveraineté du peuple exprimée lors d’un référendum. Une décision avant tout dictée par des considérations politiciennes. Mais au moins il a pris une décision et les Français lui en sont gré.

Institutions pénal, justice et sécurité
-         Loi anti-terroriste => je ne sais pas quoi en penser. Sentiment de loi de circonstance et d’affichage dictée par la pression populaire. Mais il fallait sortir de l’état d’urgence et une sortie « sèche » était difficile à imaginer pour l’opinion. Que dirait-on si un nouvel attentat venait à se produire ?
-         Loi de moralisation de la vie publique. Quelques avancées mais on est loin du compte, notamment dans le fait de rendre publiques les notes de frais des élus. Très peu de moyens pour appliquer cette loi. Un progrès malgré tout.
-         Volonté affichée de ne pas rendre indépendant le parquet. Personnellement je trouve cela bien. Indépendance de la justice oui à 100% mais gouvernement des juges non. La démocratie suppose la responsabilité.
-         Annonce de la mise en place de la Police de Sécurité du Quotidien, sorte de synthèse assez floue entre la police de proximité et la police d’intervention. Sans doute une bonne chose mais, comme toujours, ce seront les moyens accordés en Hommes et en moyens qui feront la différence.  
-         Quid de la proportionnelle et de la baisse du nombre de parlementaires ?
-         Réel mépris envers les collectivités locales et leur rôle. Baisse ou perte de souveraineté de leurs ressources avec suppression de la taxe d’habitation.
-         Occasion manquée avec la Corse. Les nationalistes étaient dans une posture constructive, leurs demandes sont pour l’essentiel très légitimes. Macron a voulu faire acte d’autorité. Une posture à mon sens surjouée, inutile et déplacée. Mais là encore ce n’est pas grave : les Français détestent les nationalistes. Macron le sait et cultive ainsi sa popularité à peu de frais.
-         Au global, sentiment que, dans tous les domaines, c’est surtout l’affichage d’une plus grande fermeté qui compte.

Economie
-         Flou sur le grand plan d’investissement de 50 milliards.
-         Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises pour le printemps. Sorte de grand « pot pourri » dont il sortira forcément des choses positives et d’autres moins.

Fiscalité
-         Suppression de l’ISF et remplacement par l’IFI + flat tax de 30% sur les revenus du capital. Vraie rupture car le travail est à nouveau davantage taxé que le capital. Hollande lui était revenu à 50/50. Cela suffira-t-il à faire revenir les capitaux en France ? J’en doute. En revanche, on aura moins de redistribution et plus d’inégalités.
-         CSG augmentée et étendue aux retraités + baisse des cotisations salariales. A mon sens plutôt une bonne chose pour baisser le coût du travail, augmenter le pouvoir d’achat des salariés et faire reposer notre modèle social sur de la fiscalité (universelle, base large) et pas uniquement sur des cotisations de travailleurs. Permet aussi plus de solidarité intergénérationnelle. Mais plafonds sans doute trop bas pour les retraités.
-         Suppression progressive de la taxe d’habitation. Je ne sais pas trop quoi en penser. Impôt injuste mais besoin d’avoir des ressources propres pour les collectivités. Peut-être une étape indispensable avant de revoir de fond en comble la fiscalité locale qui est à la fois injuste et incompréhensible. En tant qu’élu local j’en sais quelque chose.
-         A noter que augmentation CSG se fait dès aujourd’hui alors que baisse taxe d’habitation va s’étaler sur 3 ans et baisse cotisations en 2 fois. Le Gouvernement gratte un peu mais c’est de bonne guerre.
-         OFCE a calculé que les 5% des plus riches allaient capter 42% des baisses d’impôts. Les 5% les plus pauvres vont voir leurs revenus reculer de 0,6%. Les inégalités vont à nouveau s’accroitre en France.
-         Incontestablement, les réformes entreprises favorisent les plus favorisés. Reagan is back !
-         Question subsidiaire et philosophique : vaut-il mieux un pays avec peu d’inégalités mais beaucoup de pauvreté ou un pays avec beaucoup d’inégalités mais au global moins de pauvreté ? Quand j’ai soumis cette alternative en réunion de section au PS, les camarades se sont faits des nœuds au cerveau. Moi aussi…

Ecole et université
-         Jean-Michel Blanquer revendique un certain retour aux « fondamentaux » qui colle aux attentes de l’opinion et à ce que l’on pourrait considérer comme des évidences. Mais une forme de dogmatisme qui consiste à faire l’inverse de Najat VB.
-         Un point très positif à mon sens avec CP dédoublés en REP+. Pourtant, certains enseignants dénoncent cette mesure qui se fait à moyens constants et considèrent qu’il aurait été préférable de préserver le dispositif « plus de maîtres que de classes » qui était à a fois très flexible et efficace.
-         Point très négatif avec la fin de la semaine de 4,5 jours. Un vrai scandale.
-         Réforme de l’entrée à l’université pas si idiote. Et pas vraiment une sélection. En tout cas pas à ce stade.
-         Mais on manque cruellement de moyens, notamment dans l’enseignement supérieur. Il faudra répondre à cet enjeu. Mais en a-t-on les moyens ?

Immigration et asile
-         La campagne avait laissé penser qu’il y aurait plus d’humanité et de générosité. On en est loin. Très très loin.
-         La nouvelle circulaire qui donne la possibilité à l’Etat de pénétrer dans les sanctuaires (CAO) est inquiétante.
-         J’avais retenu de la campagne présidentielle le soutien de Macron à Merkel concernant l’accueil des réfugiés. Comme beaucoup d’autres, je me suis fait avoir.
-         Mais Macron joue l’opinion qui veut toujours plus de fermeté. Démagogie et populisme. Manque de courage.

Europe
-         Très beau discours à La Sorbonne (budget européen, convergence fiscale et sociale, politique étrangère commune…) mais rien de concret, surtout tant que l’Allemagne n’aura pas de gouvernement.
-         Durcissement mais à la marge de la loi sur les travailleurs détachés.

International
-         Une politique de « coups » médiatiques très efficace : « make our planet great again », voyage au Burkina Faso, Liban avec extraction de Rafic Hariri…
-         Mais le One Planet Summit a-t-il servi à quelque chose ?
-         Accueil en grande pompe de Vladimir Poutine et Erdogan. Il leur aurait quand même dit leurs 4 vérités. Notamment à Poutine et les fake news relayées par Russia Today pendant la campagne présidentielle.
-         Voyage en Chine sans action sur les droits de l’homme.
-         Pas mal les 250 millions de dollars annoncés sur l'éducation lors du dernier voyage au Sénégal. Merci Rihanna.

ð Doctrine reste la même. Dans la lignée de Hollande.
ð Des coups. Cela peut être efficace un temps mais un temps seulement.
ð Une politique de défense de nos intérêts économiques.
ð Mais il paraît que la « France is back » et qu’elle retrouve une vraie stature sur la scène internationale. En attestent les nombreuses « Unes » des journaux étrangers. Ne nous en plaignons pas…





CONCLUSION :

-         Tout va plutôt bien pour Macron. Les réformes s’enchaînent, pas d’opposition sociale ou économique, une croissance qui repart. Merci Hollande qui a fait tout le sale boulot que personne, notamment à droite, n’avait osé faire. Voir mon bilan du quinquennat Hollande ici : https://www.slideshare.net/Brunschvicg/bilan-economique-de-franois-hollande
-         On croyait que Macron allait être et de droite et de gauche. On voit surtout la partie droite : dur avec les faibles et doux avec les forts.
-         Ce qui avait séduit avec Macron, en tout cas moi, c’est qu’il voulait faire sauter un certain nombre de verrous et de tabous dans le but de réformer la France pour la rendre plus compétitive et plus juste. Je vois bien la partie compétitivité mais pas la partie justice. Le libéralisme émancipateur et égalitariste auquel on pouvait adhérer se transforme en réalité en libéralisme dérégulateur et profondément inégalitaire.
-         La vraie question qui se pose, c’est de savoir si la lutte contre les inégalités doit être envisagée comme un objectif ou comme la conséquence potentielle d’une politique libérale. Incontestablement, pour Macron, c’est une conséquence potentielle. Pourtant, les rapports de grandes institutions internationales s’accumulent et démontrent que lutte contre les inégalités sociales et développement économique vont de pair.
-         Macron semble croire ou du moins appliquer la fameuse et fumeuse théorie du ruissellement. En encourageant et en aidant les 1ers de cordée, il pense que cela créera un effet d’entraînement. En ce qui me concerne, je préfère conduire des politiques publiques qui se focalisent sur les plus faibles.
-         Je ne crois pas que Macron soit un libéral dogmatique. C’est davantage un opportuniste. Il gouverne en ce moment à droite car ce sont des réformes qui permettent d’avoir des effets plus rapidement, parce que cela met LR dans l’embarras, parce que personne à gauche ne peut s’opposer et parce qu’il n’y a pas d’élections à court terme. Autant faire le sale boulot en début de mandat. Mais y aura-t-il une seconde phase plus sociale et redistributrice ?
-         Rapport OCDE très intéressant disant que la France n’est pas suradministrée et que si notre part des dépenses publiques dans le PIB est si élevée, ce n’est pas tant en raison de dépenses publiques inefficaces (mais il y en a toujours) qu’en raison de notre modèle social qui redistribue beaucoup et qui est assez efficace pour limiter les inégalités (chômage, aides sociales, retraites, santé etc.). Personnellement c’est un modèle qui me va très très bien et j’ai peur que nous lui tournions le dos.
-         L’exercice du pouvoir selon Macron est inquiétant : autoritarisme, conservatisme, hypercentralisation etc. Mais ne nous y trompons pas : c’est ce que veulent les français. Macron est jeune, dynamique, entreprenant, il avance et déploie méthodiquement son programme. Il bouscule, heurte mais les français apprécient. Ils veulent que ça change et ont le sentiment que Macron fait le job. Ils lui donnent sa chance, quel que soit le fond de sa politique.
-         Macron sera rattrapé par la réalité, notamment l’accroissement des déficits. Pour l’instant, il n’a pas tapé dans le dur de la dépense publique. Il distribue surtout des avantages, en particulier aux riches. Baisser la taxe d’habitation c’est facile. Mais quand il faudra compenser et combler les déficits, ce sera plus compliqué.
-         Mais sa politique peut porter ses fruits. Elle peut contribuer à relancer l’économie et a création de richesses et ainsi produire des effets positifs sur l’emploi. Tant mieux. Le vrai risque à mon sens, c’est que ce succès sur le front de l’économie et de l’emploi se produise au détriment de notre modèle social. Notre modèle social, c’est ce machin qui fait que tout le monde est soigné gratuitement et de la même manière partout sur le territoire, qui permet d’aller gratuitement à l’école et de faire des études, de bénéficier de revenus de substitution et d’un filet de protection quand on a un accident de la vie, d’avoir une retraite pas trop symbolique, des allocations familiales et un minimum de redistribution… Je souris souvent en voyant ces cadres sups dynamiques qui s’expatrient aux USA en disant que c’est un eldorado avec moins d’impôts qu’en France mais qui commencent à faire la moue quand ils doivent payer l’université du rejeton et à carrément revenir au pays quand ils ont un cancer parce que, je vous l’assure, il vaut mieux avoir un cancer en France qu’aux USA ou en UK… Moi qui suis un défenseur du bilan de François Hollande (l’histoire lui rendra justice), et bien qu’il ne soit pas exempt de critiques loin de là, je lui reconnais d’avoir entrepris un grand nombre de réforme structurelles pas évidentes tout en préservant notre modèle social. Il a su tenir les deux bouts de la corde et je ne suis pas sûr qu’Emmanuel Macron parviendra à en faire de même. Loin de là…


ALORS QU’EST-CE QU’ON FAIT MAINTENANT EN TANT QUE PARTI SOCIALISTE ? :

-         La gauche de gouvernement, réformiste, réaliste et européenne est-elle condamnée à disparaître ? Le clivage droite / gauche a-t-il disparu ? Non bien sûr ! Ce n’est pas pour autant que nous allons refaire surface parce que les vrais gens, le clivage droite / gauche, ils s’en foutent !
-         Nous sommes pour le moment complètement inaudibles. Les français ne veulent même plus nous entendre. Nous sommes déconsidérés. Qu’ils aiment Macron ou non, ils veulent « donner sa chance au produit ».
-         Alors rien ne sert d’agiter des épouvantails et de hurler à la lune. Ne soyons pas démagogues. Ne cherchons pas à schématiser. Allons sur le fond.
-         Nous avons à mon sens besoin de 6 éléments :  
1.       Clarifier nos orientations politiques et notre corpus idéologique. C’est le but du Congrès. On n’a pas tellement besoin de repenser notre rapport au monde, on le fait depuis longtemps. On a surtout besoin de trancher. Fini les frondeurs et les guerres de tendance. On choisit une ligne et on l’assume !
2.       Une incarnation car, que l’on s’en félicite ou qu’on le regrette, c’est indispensable. Ce sera fait en mars avec un nouveau 1er secrétaire.
3.       Reconstruire un parti en ordre de marche, aux pratiques renouvelées, davantage tourné vers la société, qui fait de la formation politique de ses militants une priorité. Renouer avec l’éducation populaire et assumer la complexité du monde. Décrypter avec justesse et finesse les mesures prises par le gouvernement.
4.       Ne pas nous opposer systématiquement et frontalement au Gouvernement mais systématiquement mettre en avant nos nuances, nos différences de vision, notre opposition ferme quand c’est nécessaire. Bref, un travail de fond et de conviction et non un travail de posture circonstancielle.
5.       Porter nos valeurs, nos couleurs, notre vision du monde. Etre fiers de ce que nous sommes et de ce que nous voulons. Oui le clivage droite / gauche continue à exister. Mais ce n’est pas la question. La question, c’est quel projet pour l’Europe, comment assurer la transition écologique et énergétique, comment créer de la richesse en respectant les hommes et la nature, comment lutter contre les inégalités, comment concilier notre modèle social et notre performance économique.

6.       Exprimer une vision et une espérance, formuler notre projet et notre idéal de société. Renouer avec la dimension « transformation sociale » du parti. Concilier réel et idéal. Ce qui avait cruellement manqué à François Hollande.

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