I. Légitimité des opérateurs : une remise en cause durable
II. Idées Neuves sur l’Eau : la salutaire réaction de Lyonnaise des Eaux
III. Doit-on ignorer, affronter ou dépasser le débat public / privé ?
IV. Porter le débat de façon offensive auprès de l’opinion et remotiver des
collaborateurs en souffrance. Les cas Veolia / SUEZ / SAUR.
collaborateurs en souffrance. Les cas Veolia / SUEZ / SAUR.
V. Le débat public sur l’eau ne se limite pas au débat public / privé
VI. Propositions pour une stratégie offensive
VII. Les conditions du succèsLa crise de confiance envers les entreprises de l’eau et l’acuité du débat public / privé sont des phénomènes rémanents, structurants et qui ont vocation à affecter durablement les conditions d’exercice de leur métier. Le débat public / privé n’est cependant pas le seul. L’eau est un secteur sensible marqué par la prolixité des enjeux qui l’entourent : sécheresse, qualité de la ressource, pollution, micro-polluants, qualité de l’eau potable… En conséquence, les entreprises de l’eau ne peuvent s’affranchir d’une participation au débat public.
Lyonnaise des Eaux, la filiale
française de SUEZ Environnement, est
sans doute l’entreprise qui a le plus réfléchi à ces sujets et qui a été, en la
matière, la plus volontaire. La démarche au long cours qu’elle a initiée en
2010, sous l’impulsion de sa visionnaire Directrice générale de l’époque,
Isabelle Kocher, a permis de sortir de l’ornière. Cette démarche, intitulée Idées
Neuves sur l’Eau, lui a permis de s’appuyer sur ses parties prenantes afin
de cristalliser la mutation de l’entreprise, de modifier sa posture et de
formaliser des propositions concrètes sur l’évolution du modèle économique de
l’eau en France, la gouvernance, la prise en compte de la performance
environnementale…
Cette démarche a néanmoins été essentiellement
centrée sur les élus et n’a pas encore eu d’incidence sur l’opinion publique
dans son acception la plus large. Or les élus, quelles que soient leurs positions
à l’égard des entreprises de l’eau, fondent en grande partie leurs décisions
sur ce qu’ils croient être la pensée dominante de l’opinion. Alors que le grand
public reste majoritairement favorable à une gestion publique de l’eau, cet
état de fait n’est pas favorable aux entreprises. Ces dernières doivent donc
davantage « travailler » l’opinion et aider les élus à rendre
acceptable, légitime et utile leur présence à leurs côtés. Elles ne doivent pas
se contenter de marteler leur expertise, leur savoir-faire, leur utilité, leur
exemplarité. Elle doivent profondément modifier leur posture et leur manière
d’exercer leurs activités. C’est pour elles une véritable révolution
culturelle.
Veolia, le principal acteur du
secteur, ne semble pas encore l’avoir compris et se limite à une réponse
techniciste d’industriel certes extrêmement compétent et innovant, mais qui a
du mal à accepter l’intrusion de nouveaux acteurs (associations, consommateurs,
experts…) avec lesquels elle va pourtant devoir apprendre à composer.
SAUR, le 3ème acteur du
secteur, est quant à lui totalement absent du débat, cultivant son ancrage
territorial et espérant sans doute passer entre les gouttes…
Nombreux sont ceux qui partagent
l’idée selon laquelle le débat public / privé est un faux débat, un débat
dépassé et que là ne sont pas les véritables enjeux. Peut-on pour autant s’en
affranchir ? Assurément non. Assumer et affronter le débat public / privé
est la condition de son dépassement. Il faut le traiter, pour ne pas dire le
purger, afin de pouvoir passer à d’autres sujets. Participer à ce débat, c’est
aussi le meilleur moyen de le maîtriser, de l’encadrer, voire de le recadrer.
Il existe de nombreux moyens de
participer à ce débat, d’articuler une posture nationale et d’intervenir
localement, de se servir des relations presse autant que des réseaux sociaux,
de la publicité ou du web.
Enfin, adopter une posture
offensive en matière de débat public, indépendamment des répercussions qu’il
est possible d’en attendre en matière de business, constitue un moyen
privilégié de rassurer les collaborateurs de ces entreprises parfois en
souffrance et qui attendent de leur entreprise des arguments et une posture
susceptibles de cultiver leur fierté d’appartenance.
Depuis maintenant plusieurs
années, les entreprises de l’eau font l’objet d’attaques systématiques qui
mettent en cause leur légitimité en tant qu’opérateur. Considérant que les organisations
qui portaient ces attaques n’étaient pas dignes de considération ou dépourvues
de légitimité, elles ont été dans un premier temps ignorées par les entreprises
de l’eau. Résultat, faute de combattants, les thèses de leurs détracteurs se
sont profondément imprimées dans l’opinion publique et sont devenues la
« pensée dominante ». Une pensée dominante qu’il est extrêmement
difficile de déconstruire et qui, même si elle est née à la gauche de la gauche
et au sein du mouvement altermondialiste, transcende désormais les clivages
partisans.
Ces attaques ont, dans un premier
temps, été portées pour des raisons morales : affaires, marchés publics,
profits excessifs… Elles ont par la suite été relayées par des motivations
idéologiques : l’eau est un bien public qui ne doit pas être
« marchandisé ». Ce relais idéologique s’inscrit dans la pensée de
l’écologie alternative des années 70 mais a connu un essor inégalé au début des
années 90 avec l’avènement et la structuration du mouvement alter-mondialiste. L’inscription
du rejet des opérateurs dans un corpus idéologique formalisé renforce sa
portée, son influence et sa rémanence. Il ne s’agit pas d’une réaction conjoncturelle
due à un contexte électoral circonstanciel mais d’un phénomène durable et
structurant qui irrigue la pensée de nombre de leurs parties-prenantes.
Aujourd’hui, plus de 1 français sur deux est favorable à une
gestion publique de l’eau. Les raisons de ce
rejet des opérateurs sont très diverses et pas nécessairement idéologiques ou
politiques. Le prix en est souvent la principale raison. Les citoyens se
désintéressent du mode de gestion mais s’intéressent au prix de l’eau et
pensent que le privé est naturellement plus cher que le public. Ils sont donc
favorables à la gestion publique. CQFD.
Le débat public / privé n’est pourtant pas le seul. Le rapport aux collectivités a changé et de nouveaux enjeux ont
émergé : montée en compétence des services techniques municipaux,
implication renforcée des élus, volonté de ne pas limiter à la seule Délégation
de Service Public les modalités contractuelles entre élus et entreprises,
remise en cause du principe même de bénéfice sur la gestion de l’eau, poids
croissant des activistes minoritaires… Le tout dans un univers où les moyens de
communication permettent à tout un chacun d’acquérir une puissance considérable
en matière d’influence et de mobilisation. Les nouvelles technologies
constituent l’arme nucléaire des activistes. C’est le principe de la dissuasion
nucléaire et du rapport du faible au fort qui sont ainsi revisités. Une petite
association ou une simple personne derrière son ordinateur et maîtrisant bien
les réseaux sociaux peut faire trembler les géants…
II. Idées Neuves sur l’Eau :
la salutaire réaction de Lyonnaise des Eaux
la salutaire réaction de Lyonnaise des Eaux
En 2006, la publication d’un « Manifeste » par
Lyonnaise des Eaux a constitué une réaction très visible pour réaffirmer sa
légitimité en tant qu’opérateur. Diffusé
essentiellement en interne, il avait, en plus de sa vertu remobilisatrice /
fierté d’appartenance pour les collaborateurs, l’avantage de formaliser un
certain nombre de réponses très convaincantes face aux accusations dont elle
était l’objet.
Mais le contexte difficile dans
lequel évolue Lyonnaise des Eaux n’est pas circonscrit au débat public / privé
et au mode de gestion de l’eau. La baisse des volumes, la concurrence
accrue, les baisses de prix, la préservation de la ressource en eau, la
protection des milieux naturels, le nécessaire avènement d’un nouveau modèle
économique fondé sur la performance environnementale, la responsabilité
sociale, les nouvelles formes de gouvernance, la gestion du grand cycle de
l’eau, les nouvelles technologies etc. sont autant de sujets qui structurent le
contexte dans lequel l’entreprise évolue.
Lyonnaise des Eaux a choisi de réagir. Et de sortir « par le haut » de ce débat qui met en
cause sa légitimité d’opérateur en proposant un nouveau modèle de l’eau.
La démarche Idées Neuves sur l’Eau a été fondatrice. Elle a permis de partager
en interne et avec l’ensemble de ses parties-prenantes les nouveaux enjeux de
l’eau tout en formulant des engagements extrêmement concrets. Cette démarche
n’a pas été simple à conduire et il aura fallu à Isabelle Kocher, Directrice
générale de Lyonnaise des Eaux à l’époque, non seulement une vision qui a fait
d’elle une patronne exemplaire, mais également beaucoup de ténacité pour
vaincre les réticences internes, en particulier celles de SUEZ Environnement
qui a freiné des 4 fers avant de, finalement, se rallier et de s’approprier
cette démarche.
Pourtant, la démarche Idées
Neuves sur l’Eau n’est pas connue du grand public. Elle a permis
d’orchestrer la mutation interne de l’entreprise, de le faire savoir à certains
élus mais pas au grand public. Ce n’est d’ailleurs pas anormal. INE n’est pas
une fin en soi mais un moyen. Un moyen notamment de repartir à la reconquête
de l’opinion.
III. Doit-on ignorer, affronter ou dépasser le débat public
/ privé ?
Nombreux sont celles et ceux qui partagent l’idée selon
laquelle le débat public / privé est un débat dépassé, voire ringard et que les
vrais enjeux sont ailleurs : protection de
la ressource et des milieux naturels, nouveau modèle économique reposant sur la
performance environnementale, innovations, gouvernance et transparence… De ce
point de vue, il est normal que les entreprises de l’eau souhaitent dépasser ce
débat. Pour autant, ce débat existe. Si leur objectif doit certes être de le
dépasser, il ne leur est pour autant pas possible de totalement s’en
affranchir.
Assumer et affronter le débat public / privé est la
condition de son dépassement.
La démarche Idées Neuves sur l’Eau de Lyonnaise des Eaux a
produit des effets extrêmement tangibles, notamment auprès des élus. Les Forums en région donnent à voir aux élus ce nouveau visage de
Lyonnaise des Eaux et les solutions proposées. Ils adhèrent au constat et aux
propositions que l’entreprise leur soumet. Ils conviennent que le débat public
/ privé est un faux débat. Pour autant, les élus restent tributaires de leurs
électeurs.
Municipaliser le service de l’eau est une décision qui peut
répondre à plusieurs motivations :
-
une motivation
idéologique : le public c’est mieux que le
privé et l’eau est un bien public trop précieux pour le laisser dans les mains
des entreprises ;
-
une motivation
politique : besoin de donner des gages à
l’opposition ou à des alliés dans une coalition municipale ; besoin pour
des élus de gauche de poser des « marqueurs » politiques témoignant
de leur ancrage à gauche ; besoin pour des élus de droite de montrer
qu’ils ne sont pas nécessairement des ultra-libéraux « vendus au grand
capital » ;
-
une motivation
économique : le public c’est moins cher que le
privé pour mes administrés ;
-
une motivation souverainiste : en tant qu’élu, je municipalise pour montrer que je suis un acteur engagé
de la gestion de mon territoire et que c’est moi qui ai le contrôle ;
-
une motivation
protectrice : je municipalise pour protéger mes
citoyens dans un contexte économique / écologique difficile, besoin de les
rassurer et de montrer que ce sont des élus de proximité qui sont aux
commandes ;
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive et ces
différentes motivations peuvent se combiner et s’ajouter les unes aux autres.
Quelles que soient les qualités
qui sont prêtées aux entreprises de l’eau ou la performance qui leur est
reconnue par les élus, ces différentes motivations peuvent toutes les conduire
à municipaliser le service de l’eau. Les décisions prises par Paris, Rouen,
Brest, Bordeaux ou Evry en sont les exemples les plus frappants. La qualité du
travail réalisé par les entreprises de l’eau est unanimement saluée mais la
décision de gérer en direct le service de l’eau est prise…
Au-delà de l’impact économique de
ces différentes décisions, toutes concourent à la création d’un sentiment
largement partagé de mouvement de remunicipalisation du service de l’eau en
France. Les médias s’en font d’ailleurs largement l’écho, de même que certains
élus et de nombreux militants hostiles à la DSP qui se prévalent de ces
remunicipalisations pour montrer que le sens de l’histoire est avec eux.
IV. Porter le débat de façon offensive auprès de l’opinion
et remotiver des collaborateurs en souffrance. Les cas Veolia / SUEZ / SAUR.
Plus d’un français sur deux est
favorable à une gestion publique de l’eau.
Le travail de conviction effectué par les entreprises en
direction des élus est indispensable mais il doit être accompagné d’une
démarche parallèle auprès de l’opinion publique dans son acception la plus
large. Les élus veulent être réélus. Même
s’ils sont convaincus de la bonne foi des entreprises, de leur légitimité et de
leur excellence, s’ils ont le sentiment que le fait de gérer en direct le
service de l’eau leur permet de répondre à ce qu’ils croient être une demande
de leurs électeurs, alors ils le feront. Les exemples récents ne manquent pas.
Les entreprises doivent aider les élus qui souhaitent
travailler avec elles à justifier leurs choix auprès de leurs administrés. Pour y parvenir, elles doivent être capables de s’adresser directement à
l’opinion.
L’enjeu n’est pas de dire qu’elles
sont de bons professionnels avec une réelle expertise. Les gens le savent et
n’en doutent pas. Ce n’est sur ces points qu’elles sont attaquées. L’enjeu est
de restaurer la confiance et de refonder leur légitimité.
Le cas de Veolia est intéressant. La position de l’entreprise en termes de débat public se caractérise
par :
-
une posture
extrêmement agressive et négative : refus de répondre aux réalisateurs du film à charge et militant Water
Makes Money, procès, discours menaçant des dirigeants dans la presse, absence
de dialogue avec les parties-prenantes.
-
une stratégie d’action
offensive : tribunes libres, volonté d’aller
« au contact » et d’en découdre…
Dans une récente prise de parole
publicitaire, Veolia met en avant son excellence industrielle et sa
contribution au développement durable. Ce qu’ils disent est vrai mais
complètement « à côté de la plaque ». Car rien n’est dit ou fait pour
donner le sentiment que Veolia est prête à modifier sa posture d’entreprise.
Lyonnaise des Eaux a une position qui semble à front
renversé :
-
une posture ouverte et
positive : Idées neuves sur l’Eau,
rencontres avec les élus et les parties prenantes, discours pour un nouveau
modèle de l’eau, participations aux débats suite à la diffusion de Water Makes
Money…
-
une stratégie d’action
a minima : peu de relations presse,
rencontres avec les élus mais non avec le grand public, pas de publicité…
Pour caricaturer, et comme l’a dit
un journaliste militant (Marc Laimé)
expert du sujet, on a le vrai méchant (Veolia) et le faux gentil (SUEZ).
Quant à SAUR, c’est le calme plat. Aucune
prise de parole. SAUR semble à côté du débat. Quand on interroge les
associations, c’est « on ne les a
pas vus, on ne les connaît pas ». Il est vrai que leurs récents
problèmes de gouvernance les ont beaucoup accaparés. Cette place à part leur
permet néanmoins de ne pas être la cible de toutes les attaques des opposants à
la gestion de l’eau par les entreprises. Il s’agit là d’un positionnement
singulier qui semble d’ailleurs davantage être un positionnement par défaut
qu’un positionnement choisi et assumé. SAUR pourrait tout à fait revendiquer
une place à part face à Veolia et SUEZ et jouer de son très fort ancrage
territorial, de son côté « PME française » pour se démarquer de ses
deux gros concurrents côtés en bourse en expliquant que eux, ce sont des gens
du terrain, des exploitants et pas des financiers, des acteurs des territoires
qui représentent une incarnation tangible de l’excellence française
industrielle dans les métiers de l’environnement, mais à taille humaine et avec
des capacités de projection à l’international qui permettent de créer des
emplois en France. Mais bien que Veolia et SUEZ concentrent toutes les
attaques, il serait illusoire de croire que SAUR pourrait passer entre les
gouttes. C’est tout un modèle qui est attaqué et SAUR est concerné par le
sujet, même s’il n’est pas directement attaqué.
Ce qui est en tout cas intéressant
dans ce débat, c’est de constater que toutes les entreprises sont confrontées à
des enjeux similaires mais qu’aucune n’a de réaction ou de stratégie identique.
Un juste milieu n’est-il pas souhaitable ? Aller frontalement au combat sans se remettre en question comme le fait
Veolia n’est pas forcément la bonne solution. Mais, en ce qui concerne
Lyonnaise des Eaux, se contenter de dire aux élus qu’elle a changé et qu’elle
souhaite un nouveau modèle de l’eau sans descendre dans l’arène pour s’adresser
à l’opinion et aux leaders d’opinion ne suffit sans doute pas. En ce qui
concerne SAUR, le débat finira par les rattraper.
Parce que Lyonnaise des Eaux / SUEZ Environnement a conduit
la démarche Idées Neuves sur l’Eau, elle peut maintenant se permettre de « monter
au front », d’assumer fermement le débat public / privé auprès des élus
mais aussi auprès du grand public et restaurer sa
légitimité d’opérateur. Le faire avant aurait été une erreur. Ne pas le faire
maintenant en serait une également. Dire que ce débat est un faux débat n’est
pas suffisant.
Ce ne sont pas les entreprises de
l’eau qui fixent les sujets de débat. Ils s’imposent à elles, qu’elles le
veuillent ou non. C’est comme si AREVA disait, après Fukushima, que le vrai
débat n’était pas celui de la sûreté nucléaire mais celui de la sécurité des
approvisionnements ou de l’empreinte environnementale de l’énergie
nucléaire. D’ailleurs, AREVA, comme EDF, ont eu une attitude très volontaire
lors de la crise : campagnes de pub dans les journaux pour rassurer le
grand public, participation de Anne Lauvergeon et de plusieurs experts à de
nombreuses émissions de radio ou de TV… Ils ont assumé le débat ! Un débat
qu’ils n’ont pourtant pas choisi…
Les
collaborateurs des entreprises de l’eau souffrent du débat public sur l’eau tel qu’il se déroule. Prendre la parole en tant qu’opérateur pour
restaurer un certain nombre de vérités, et défendre ses positions ne peut, dans
cette perspective, que leur être bénéfique. Les collaborateurs sont également
des ambassadeurs. Il convient de les former, de leur communiquer des
argumentaires pour qu’ils puissent eux-aussi défendre la réputation de leurs entreprises.
V. Le débat public sur l’eau ne se limite pas au débat
public / privé
L’eau est une thématique, un
secteur et un enjeu à la fois puissant et sensible. Personne ne s’en
désintéresse. Pour restaurer confiance et légitimité auprès des citoyens, les
entreprises de l’eau doivent être capables de prendre la parole de façon très
réactive, dès que l’actualité l’exige et sur un ensemble de thèmes qui ne sont
pas circonscrits au mode de gestion : qualité de l’eau (rappelons le documentaire
ravageur de France 3 intitulé « Du poison dans l’eau du robinet »),
sécheresse, prix, micro-polluants, développement durable…
L’opinion est en droit d’attendre d’entreprises
comme Veolia, Lyonnaise des Eaux ou SAUR, dont l’eau est le métier, des
informations, des éclaircissements et de la pédagogie sur ces sujets. En la
matière, tout silence peut être considéré comme suspect. Le silence est
également une invitation à laisser d’autres parler à leur place, avec des
messages qui ne leur sont pas toujours favorables…
L’exemple de la sécheresse du printemps 2011 est
intéressant. Alors que cette séquence médiatique
intense constituait pour les entreprises une opportunité unique de mettre en
avant leurs expertises, leurs innovations, leurs chercheurs, leurs exploitants
etc. elles n’ont que très peu participé au débat public. Il aurait été pourtant
possible de rédiger des dossiers de presse ainsi que des publirédactionnels
truffés d’exemples, de parler de réinfiltration de nappes, de rendements de
réseaux, de ressources alternatives, d’interconnexion, de réseaux intelligents,
de modélisation… Les entreprises de l’eau auraient pu envoyer des porte parole
dans des débats TV ou radios, dans des émissions « talks » etc. Car ce
sont finalement d’autres acteurs qui sont intervenus à leur place :
associations, Nathalie Kosciusko-Morizet (alors Ministre de l’environnement)…
Le grand public ne soupçonne pas
la complexité des métiers de l’eau. Ils voient l'eau qui coule au robinet et c’est
tout. Ils ne savent pas ce qu'il y a derrière. Alors que les entreprises sont
souvent attaquées sur le thème public / privé, mettre en avant leurs
compétences et leurs solutions constitue un moyen privilégié de réaffirmer leur
légitimité en tant qu'opérateur. En se taisant, les entreprises de l’eau
passent de l’ère de la non-transparence à celle de l’inutilité. Pourquoi
travailler avec une entreprise privée si celle-ci de démontre pas son utilité
par rapport à un opérateur public ?
Autre exemple, celui de la ville de Castres qui a été condamnée en 2011 à payer 32 millions d’euros à Lyonnaise des
Eaux pour rupture abusive du contrat qui la liait à l’entreprise. Lyonnaise des
Eaux pouvait bien sûr se réjouir de cette décision de justice qui vient
rappeler aux élus qu’ils ne peuvent pas faire n’importe quoi (effet dissuasif).
Par ailleurs, Lyonnaise des Eaux n’était pas directement attaquée ou mise en
cause. Pour autant, l’effet de cette condamnation peut être dévastateur pour
les entreprises. Indépendamment des péripéties politiciennes locales, les
castrais ont pu avoir le sentiment d’être condamnés à payer 32 millions d’euros
à Lyonnaise des Eaux. Que l’entreprise soit dans son bon droit n’y change rien.
Que cette condamnation serve à dédommager un préjudice non plus. Les castrais
ont eu le sentiment d’être pris en otage. L’entreprise aurait par exemple pu
acheter une page de publicité dans la presse locale ou envoyer un courrier aux
habitants pour leur expliquer la nature de cette décision et ainsi faire preuve
de pédagogie et d’empathie afin de ne pas donner le sentiment que l’entreprise
venait « saigner à blanc » les administrés. D’ailleurs, certains élus
ont profité de cette décision de justice pour dénoncer la « triple peine » :
privatisation de l’eau, augmentation des tarifs et, pour couronner le tout,
condamnation. Avec une conclusion : l’eau doit décidément rester dans le
domaine public…
VI. Propositions pour une stratégie offensive
Déployer une stratégie offensive en
matière de débat public suppose de formaliser des argumentaires, de définir un
positionnement, d’articuler plusieurs niveaux de discours (local / national),
d’investir de nombreux champs (presse, pub, réseaux sociaux, web, partenariats,
leaders d’opinion, universitaires, interne...), de sélectionner des arguments
adaptés à chaque contexte et de s’organiser de façon spécifique.
Il ne faut pas se cantonner à une stratégie de réponse. Se contenter de répondre aux
attaques, c'est prendre le risque d'être des suiveurs et de passer son temps à se
justifier. Attention à une position victimaire qui pourrait enfermer les
entreprises.
Il faut occuper le terrain. En amont de la réponse aux attaques, il faut déployer une stratégie
d'occupation du terrain sur toutes les questions « sensibles ».
Occuper le terrain, c'est rédiger des tribunes, être sur les réseaux sociaux,
animer des communautés, répondre aux questions qui sont posées, nourrir la
discussion avec les parties-prenantes etc. Bref, c'est beaucoup de travail et,
surtout, une nouvelle posture.
Il faut provoquer le débat ! Pour être offensif et traiter les questions sensibles, le plus efficace,
c'est de prendre le « lead » et de provoquer le débat ! Aux
entreprises de pousser les sujets qui dérangent avant que d'autres ne le
fassent à leur place. C'est le meilleur moyen de cadrer le débat et d'en fixer
les termes. C'est aussi le meilleur moyen de raccrocher d'autres messages,
notamment institutionnels.
Concernant la posture, les
entreprises de l’eau peuvent faire preuve de pédagogie et d’ouverture tout en
adoptant un ton extrêmement offensif. Il ne s’agit pas de s’excuser et de se
justifier mais de revendiquer la fierté de faire leur métier. Les
entreprises pourront être d’autant plus offensives qu’elles auront prouvé leur
volonté de dialogue, leur soif d’ouverture et leur capacité à se remettre
en cause, y compris quant aux modalités contractuelles qui les lient aux
collectivités.
Presse :
Peu d’articles de presse analysent
à froid et en profondeur les enjeux liés à l’eau et les débats qui l’entourent.
Ce sont souvent des articles réactifs qui s’inscrivent dans une actualité
chaude. Il conviendrait de mener des actions de fond spécifiques en direction
de le presse. Mais au-delà des relations presse, c’est une véritable stratégie
d’influence qu’il faut déployer auprès certes des journalistes, mais pas
uniquement.
Publicité corporate :
Toute campagne d’opinion doit
pouvoir se référer à ou se prévaloir d’une image institutionnelle qu’une
annonce corporate est chargée de façonner.
Campagne d’opinion nationale (pub print + web +
réseaux sociaux) :
Imaginons une campagne volontairement provocatrice, qui
« met les pieds dans le plat » et énonce les principaux griefs qui sont adressés aux entreprises… Par
exemple une pleine page de publicité dans Libération avec, en gros, le
titre ; « l’eau gérée par le privé coûte 30% plus cher que par le
public ». Le lecteur ne pourra qu’être interpellé par une telle publicité.
Mais en dessous, il y aurait le contre-argument : « Faux ! Le
prix de l’eau ne dépend pas de son mode de gestion mais des conditions
d’exploitation du service et des priorités fixées par la collectivité. Pour en
savoir plus, rendez-vous sur www.eau.fr »
Le lien renverrait vers un site
dédié à toutes les questions qui fâchent. Sur ce site, nous pourrions avoir
une cinquantaine de thèmes ou de questions liées à la transparence, au prix, à
la gouvernance, au mode de gestion, au taux de conformité des analyses, aux
rendements de réseau que les délégataires sont accusés de laisser fuir, au
modèle économique etc. Ces thèmes seraient traités sous forme de texte, de
fiches et de vidéos. Pour chaque question, il y aurait un argumentaire court,
une vidéo pédagogique et une fiche plus détaillée à télécharger.
L’objectif n’est évidemment pas de
n’être qu’en réactif / défensif. L’objectif est de prendre appui sur les
assertions les plus courantes pour les démonter et ensuite hisser le niveau du
débat en mettant en avant la vision du modèle de l’eau des entreprises et leurs
propositions en la matière.
L’avantage de disposer d’un tel
site est qu’il permet d’être extrêmement actif et réactif sur les réseaux
sociaux. Car quand une vidéo accusant une entreprise d’assoiffer la planète
est vue 250 000 fois sur Youtube ou qu’un commentaire la traitant de
voleurs sur le site du monde.fr est lu 125 000 fois, les entreprises n’ont
que peu de moyens de réagir. Un
community manager dans l’entreprise pourrait pourtant immédiatement réagir et
renvoyer vers l’une des vidéos ou des parties du site créé. C’est du déminage.
Les collaborateurs seraient pour
le moins heureux de constater que les entreprises ne se laissent pas mettre en
cause impunément mais que, au contraire, elle réagissent, sans agressivité,
pour restaurer la vérité et recadrer le débat sur les vrais enjeux de l’eau
aujourd’hui comme la protection de la ressource.
Formation des collaborateurs :
Former au débat public plusieurs
milliers de collaborateurs peut paraître illusoire et impossible à réaliser. En
revanche, il est tout à fait envisageable de distribuer à l’ensemble des
collaborateurs des entreprises des argumentaires sur la question, dont ils pourraient
utiliser certains passages dans un cadre personnel.
Même s’ils ne les utilisent pas,
de tels documents seraient très appréciés car ils contribueraient à cultiver la
fierté d’appartenance à l’entreprise.
VII. Les conditions du succès
Ce type de posture et de communication s’apparente à de la
guérilla. Elle implique d'être ultra-réactif, de pouvoir répondre instantanément, de se mobiliser sans délais. Inutile
de dire que, si une entreprise se fait attaquer et qu’elle doit attendre 15
jours des validations à n'en plus finir, elle peut rentrer chez elle… Il faut
aussi prendre les sujets de front et ne pas les esquiver. Si on accuse une
entreprise sur ses marges, il ne faut pas répondre qualité d'exploitation. Il faut
également du courage et une vraie capacité à assumer le conflit.
Au delà de la posture, il faut des
moyens pour produire les messages, les poster, réaliser des vidéos, rédiger des
tribunes ou des Q&A, assister à des réunions publiques etc. Bref,
constituer un arsenal car on ne part pas au front sans munitions…
Halo, je suis Helena Julio de l’Équateur, je veux bien parler de Le_Meridian Funding Investors sur ce sujet. J'ai tout essayé pour obtenir un prêt de mes banques ici en Équateur, mais ils m'ont tous refusé parce que mon crédit était faible, mais avec la grâce de Dieu, j'ai appris l'existence de Le_Meridian. J'ai donc décidé d'essayer de demander le prêt. avec l’aide de Dieu, ils m’accordent un prêt de 500 000 USD à la demande de prêt que mes banques ici-même en Équateur m’ont refusée. C’était vraiment génial de faire affaire avec elles et mes affaires marchent bien maintenant. Voici le courrier électronique de Le_Meridian Funding Investment / Contact WhatsApp si vous souhaitez faire une demande de prêt auprès de ce dernier.
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